La notion de place peut se poser à tout âge, consciemment ou inconsciemment sous diverses formes : très tôt dans la famille, à l’école, dans la vie professionnelle, lors d’une recherche de lieux de vie…
Pour moi, la notion de place est en lien direct avec notre « je suis » et avec notre corps.
Notre corps est l’élément concret et tangible qui nous permet de nous situer dans l’espace et dans le groupe. Être conscient de son corps, du volume qu’il occupe dans l’espace ou dans une pièce ; être conscient du volume d’air qui l’entoure et dans lequel il se déplace. Avez-vous déjà pris conscience que l’air est partout, il épouse parfaitement la forme de votre corps même lorsque vous vous déplacez, et ce, sans aucun jugement ?
Être conscient de son corps, c’est aussi reconnaître les émotions, les sensations qui l’animent.
Nombreux sommes-nous à considérer notre corps comme un outil et à prendre conscience de son importance quand il va mal.
Grâce à notre corps, nous occupons une place, un certain volume : assis, debout, couché, grand, petit, rond, mince… Et quand nous parlons de trouver notre place, ou d’être à notre place, nous faisons implicitement appel à cette idée de « localisation ».
Qu’en est-il de ce « je suis » dont j’ai parlé ?
Revenons en arrière :
L’enfance et notamment le moment de « l’individuation(1) » sont essentiels. C’est le moment où se forge « la persona(2) » c’est-à-dire la personnalité. L’environnement familial, social, culturel, cultuel sont aussi essentiels. L’enfant perçoit alors la réalité à travers ces filtres et déduit tout naturellement ses croyances, ses comportements… qu’il développe en grandissant de façon consciente et inconsciente. Il accumule les informations qui lui permettent de dialoguer avec son environnement et avec lui-même.
Jusqu’à l’âge adulte, chacun de nous va d’ailleurs chercher à se « conformer » aux informations, orientations, injonctions de notre environnement. Et être à sa place ou trouver sa place, est davantage une projection intellectuelle extérieure alimentée par tous ces éléments : c’est alors faire de bonnes études, avoir un « bon job », correspondre aux critères de réussite sociale.
Et pour ce faire, nombreux sommes-nous à délaisser cette partie de nous, qui parfois nous rappelle à l’ordre malgré nous, notre Être, notre Soi(3). Être sage, en nous, l’Être divin en nous, en lien avec notre âme, avec nos aspirations les plus profondes, les plus « nobles ». Cet Être est bien présent et vivant en chacun de nous, plus ou moins enfoui dans notre inconscient selon nos pratiques de vie spirituelles ou religieuses.
Et mon expérience, est que plus, nous sommes en lien avec cette partie de nous, plus nous sommes conscients de notre valeur d’être humain, de notre caractère unique et précieux, plus nous éprouvons et vivons une forme de sécurité et de paix intérieures. Et c’est là qu’est notre toute première place. Dans cette sécurité, cette confiance, cette estime de nous-mêmes.
Développer notre Soi, c’est apprendre à être en lien avec ce qu’il y a de plus grand que nous. C’est se connecter à cette capacité d’amour inconditionnel pour nous-mêmes et pour les autres et je dirai même pour ce qui nous entoure. C’est être dans cette ouverture du cœur, nourri par l’appartenance, par une forme d’universalité. Pour moi, c’est la clef de notre bien-être ! Gratitude à notre Être qui veille !
Notre place est à l’intérieur de nous, dans la conscience de qui nous sommes. Et pour en prendre conscience, il est parfois nécessaire de procéder à un « nettoyage émotionnel » des croyances et comportements acquis pour nous « adapter » à notre environnement. Il est nécessaire de visiter, d’identifier, nos peurs, nos blocages, notre colère… visiter l’enfant blessé, apeuré en nous, pour justement laisser émerger notre Être, l’identifier, l’apprivoiser et ainsi lâcher ces béquilles que nous avons construites pour nous en sortir.
Le rôle des parents est pour moi primordial. L’école et la société apprennent le cadre social. Les parents sont là pour aimer, protéger et éduquer l’enfant. Et lui ouvrir la porte de son Être incombe à la cellule familiale. Apprendre à trouver l’équilibre entre les deux : l’intérieur et l’extérieur. Comprendre que l’extérieur est la continuité de l’intérieur.
Alors dans notre société actuelle, nous faisons le contraire. Et c’est souvent à la faveur d’un deuil, d’un burnout, d’un divorce… Que la prise de conscience se fait. Revenir à notre corps, être à l’écoute de nos sensations, de nos ressentis… peut aider à prévenir ces ruptures douloureuses.
Nous sommes des Êtres de lumière, d’amour, d’intuition, de compassion… osons incarner cet Être !
D’après Karl Gustav Jung
(1) Individuation : transition de vie dans la vie de l’individu. Passage obligé de l’individu qui s’est construit dans le cadre social et éducatif à l’individu qui se pose des questions existentielles, vers un accomplissement de lui-même.
(2) Persona : ce que nous donnons à voir de nous-mêmes aux autres. Le masque social.
(3) Soi : dimension avec laquelle nous naissons, qui relève de notre Être essentiel.
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